jeudi 29 mai 2014

Avanti ragazzi

Organisée spontanément par un petit groupe d’étudiants et d’ouvriers hongrois, une banale manifestation de solidarité avec les ouvriers polonais mit soudainement le feu aux poudres sociales en cette fin du mois d’octobre. Mais qui étaient donc - en l’âme de leur colère profonde - ces insurgés progressivement incontrôlables?
A écouter l’imbécillité de la droite du capital, il se serait agi d’adeptes de la libre entreprise du calcul, simplement soucieux d’instaurer  la démocratie  de la marchandise à l’occidentale, assoiffés de capitalisme libéral, développé et diffus. A entendre les idioties de la gauche du capital et plus particulièrement  les souteneurs du capitalisme étatique, concentré et vétuste qui d’ailleurs n’alléguaient pas vraiment le contraire, les inspirateurs de la Commune de Budapest devaient être regardés comme de simples émeutiers ultra-réactionnaires et para-fascistes. 
En réalité, il convient  avant tout de dissiper le brouillard pathogène de la propagande marchande dont la crétinerie démocratique du libre échange de l’avoir et du paraître se sert de tous les côtés pour dissimuler la réalité radicale  et explosive de la révolution hongroise. Il s’agit  de montrer les exactes tendances communistes vraies de cette révolution humaine contre le capitalisme d’État bolchévico-stalinien travaillant justement, dans les larmes, le sang et la fabulation sous faux-drapeau communiste.
Source: L'Esprit Européen (lire la suite)


mardi 27 mai 2014

Elle se périme

"La Jeune-Fille est la marchandise qui exige à chaque instant d’être consommée, car à chaque instant elle se périme."


lundi 26 mai 2014

Rions un peu

"Il y a bien longtemps déjà que je voulais leur dédier un poème. A qui? Ne cherchez pas: aux rires en boîte. Comme le spectacle marque le pas, en ce moment, alors j'y vais de mes couplets.

La télévision a imité Maldoror: voulant rire, comme tout le monde, elle a pris un canif et s'est fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. Son rire préemballé de tête de mort m'obsède. Je trouve qu'on ne l'entend pas encore assez. Il faudrait en festonner toutes les émissions sans exception.

Qui rit? Personne. On ne sait pas. Ça rit, voilà tout. On rit. Pas vous en particulier: on. Le rire, pour la première fois, est asséné au rieur virtuel avec la violence du fait accompli. On l'entend voltiger, ondoyer autour des comédiens, on se dit qu'il est censé sortir d'une multitude de gosiers, mais personne n'a jamais vu ceux-ci, ils se tiennent en un lieu non situable, une sorte de "creux" dans l'image, une espèce de fosse d'orchestre dont l'incontestable et crépitante inexistence devrait faire peur aux gens plutôt que de les entraîner à rire à leur tour.

Et pourtant ça marche puisque ça continue. La machine ne fait même pas confiance au public pour s'esclaffer quand il le faut. Elle préfère s'en charger. La télé, on y vit, on y aime, on y divorce, on s'y remarie; on s'y raccomode avec son conjoint; on y devient millionnaire; on y apprend l'histoire, la géographie, le progrès des sciences; on y fait ses courses (télé-achat); on y pratique l'aveu (que la télénovlangue appelle "transparence"); on y baisera, c'est sûr, et ce jour-là toute autre forme d'étreinte sera comme si elle n'était pas, et surtout comme si elle n'avait jamais été. Mais le plus beau quand même, le plus fantastique encore, c'est qu'on y rit à votre place.

Qui rit? Mystère. Pour la première fois dans l'histoire des spectacles, et sans que cela paraisse étonner vraiment les spectateurs, devenus de purs figurants du rire qu'ils n'émettent plus, ou qu'ils émettent subsidiairement, le rire vient de l'intérieur de ce qu'on leur montre, et de telle façon qu'il n'est nulle part localisable. D'où montent ces glousseries effrayantes de spectres, ces fantômes de rire, cet esclaffement subliminal, ces rires extra-terrestres, ces rires sans corps, c'est-à-dire sans cause, ces rires incrustés qui se veulent contagieux? D'où partent ces bordées de rigolades innombrables et ces hoquets, ces rates qui se dilatent sans qu'on en voie l'ombre, ces spasmes unanimes? De quelle fissure dans la boîte télévisuelle suinte cette convulsion spirite venue imposer on ne sait quelle connivence avec les terriens?

"Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer", comme s'écriait Beaumarchais, mais c'était dans Le Barbier, en un temps de liberté et de frivolité incommensurables. Le rire que j'évoque est non seulement un rire en deuil du risible, mais aussi des rieurs. Un rire qui fait le boulot à leur place; un rire qui prend en main le destin du risible; un rire qui vient après la réponse "non" à la question essentielle de la fin du siècle, la question des questions et qui résume notre époque dans toutes ses dimensions: "Peut-on rire de tout?"

Moins il y aura de risible autorisé, et plus il faudra imposer du rire artificiel (comme l'intelligence du même métal). Le vrai problème d'aujourd'hui étant d'arriver à ne pas rire, justement, de tout, la bonne solution ne se trouve-t-elle pas dans ces rires enregistrés qui vous indiquent les moments où vous pouvez vous gondoler avec les loups?

Mais ce qui m'étonne le plus, c'est qu'on n'ait pas encore inventé l'inverse, l'antagonisme du rire en boîte: les huées ou les sifflets préemballés; les cris de haine en bocal; le tollé artificiel; la clameur incrustée de la meute vociférante au bord du lynchage.

Tant qu'on ne sera pas allé jusque-là, le théâtre de la nouvelle comédie inhumaine ne sera pas complet."

Philippe Muray, Exorcismes spirituels tome 2 (1992)


samedi 24 mai 2014

Ils ne sont pas prêts à se laisser débrancher

"Nous devons nous défaire de l'idée que chacun doit absolument avoir un emploi pour gagner sa vie. Le fait est qu'aujourd'hui, il suffit d'une personne sur 10000 pour réaliser une avancée technologique permettant de subvenir aux besoins de tout le monde. Les jeunes d'aujourd'hui ont parfaitement raison de dénoncer l'absurdité de devoir gagner sa vie. 
Nous persistons à vouloir inventer des emplois à cause de l'erreur selon laquelle tout le monde devrait être salarié à je ne sais quelle corvée, parce que notre vision malthusienne-darwinienne nous oblige à justifier notre droit à exister. Alors nous avons des inspecteurs d'inspecteurs, et des gens qui produisent des instruments pour que ces inspecteurs aillent inspecter des inspecteurs...
La véritable préoccupation des gens devrait être de retourner à l'école et de se remettre à penser à tout ce qui les intéressait avant que quelqu'un arrive et les oblige à devoir gagner un salaire."


mercredi 21 mai 2014

L'Europe sociale avance

"Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.... En d'autres termes... Plus ça rate et plus on a de chances que ça marche."
Proverbe Shadok

samedi 17 mai 2014

La pelle de la vengeance

"En passant de la raison à l'instinct, l'idée de justice acquiert une prodigieuse capacité de destruction. Elle n'est d'ailleurs pas plus, alors, la justice que l'instinct sexuel n'est l'amour, elle n'est même pas le désir de justice, mais la concupiscence féroce et une des formes les plus efficaces de la haine de l'homme pour l'homme. L'instinct de justice, disposant de toutes les ressources de la technique, s'apprête à ravager la Terre."
Georges Bernanos (1947)

jeudi 15 mai 2014

C'est le sans-précédent qu'il faut écrire

"Je pars du principe qu'il n'y a qu'un crime inexpiable et un seul: approuver les conditions d'existence contemporaines, le contemporain en soi, se réconcilier avec lui, se le concilier. (...)

Il me suffit de prendre connaissance de ce qui se dit, se fait, se vit et s'écrit quotidiennement pour que le grotesque, la sottise ou la malfaisance m'en saute aux yeux. Après quoi, bien entendu, il faut faire ressortir tout ce grotesque et cette malfaisance que personne ne semble voir. C'est un travail entièrement esthétique. Il s'agit que l'hallucinant flot de louanges qui entoure les nouvelles conditions d'existence et leurs aspects les plus révoltants accède à la dignité de la littérature. Ce que l'époque dit d'elle-même à chaque instant, ce qu'elle a de pire ne peut littéralement pas s'inventer: il faut la laisser en parler, lui ouvrir sans cesse les guillemets dans l'espoir qu'elle voie ce qu'elle dit et qu'elle entende ce qu'elle fait. C'est bien plus qu'une activité critique: c'est, à mes yeux, un projet esthétique. (...)

La moralisation effrénée, le terrorisme de la Vertu, la foi intermittente dans le progrès, le repli sur des croyances préhistoriques irrationnelles, la psalmodie des droits de l'homme et toutes les prières, les sanglots et les vœux pieux accompagnant la montée de ces éléments déchaînés m'ont conduit en 1991 à écrire l'Empire du Bien, dont l'incipit résume à mes yeux la nouvelle période: "Nous voilà donc atteints d'un Bien incurable." Ce constat, depuis lors, n'a cessé de se vérifier et ses conséquences de s'amplifier. Treize ans plus tard, nous sommes toujours et plus que jamais ceux qui savent et disent et imposent le Bien. Plus que jamais, nous sommes incapables d'imaginer que ceux qui ne pensent pas comme nous (l'Autre islamique, par exemple, ou le peuple quand il vote "mal") sont ailleurs que dans le Mal (et un mal quasi extra-terrestre). (...)

Il me suffit, devant n'importe quel événement, de prendre connaissance de ses commentaires autorisés (il n'y en a pas d'autres) pour que le désaccord surgisse de lui-même, plus effervescent que jamais. Prenons le crash, à l'aube du 3 janvier 2004, du vol FSH 604, avec plus de 140 personnes à bord. C'est une horreur, bien sûr, une horreur sans nom; mais si on veut être encore vivant, on ne peut pas en rester au chantage à la compassion ni au radotage des médiatiques sur le "travail de deuil" des proches des victimes. Tout autant que quiconque, j'ignore si cette catastrophe est le résultat d'un acte terroriste ou d'un dysfonctionnement, quelque part, dans la quincaillerie du boeing en question. Ce que je sais, c'est que, de tous les crimes occidentaux actuels, le tourisme est assurément l'un des plus inexpiables et des plus approuvés. A lui seul, il résume donc l'époque: un chapelet d'atrocités récitées comme autant de bienfaits. Il ne peut pas y avoir de négociation à ce sujet, pas de discussion. Le tourisme de masse est ce qui s'éloigne le plus de l'idée de civilisation, née en Grèce et avec la Bible. Tout reste encore à dire et à écrire à propos de cette barbarie déferlante. On peut avoir pitié d'un touriste, et lui accorder le bénéfice de l'aliénation, on peut avoir pitié du troupeau d'oies en bermudas qui cancanent et se dandinent au soleil, on peut avoir pitié de ces malheureux qui n'ont plus d'autre ressource que d'identifier leur bonheur à la pêche sous-marine et de payer pour cela; mais il n'est pas possible de manifester la moindre clémence envers le gardeur ou le gaveur d'oies, je veux dire le tour-opérateur, le voyagiste, l'homme au loisir entre les dents. Ce terroriste-là ne mérite aucune miséricorde. Pour en revenir au crash du vol FSH 604, il m'a permis, au plus fort de l'émotion médiatique généralisée, d'apercevoir à la télévision quelques images de Charm-el-Cheikh  justement, cette station touristique égyptienne au large de laquelle les vacanciers sont morts. Et qu'est-ce que j'ai vu? La quintessence de l'enfer, une abomination clignotante, une orgie de macdos minables et de discothèques pour pauvres d'esprit, un Las Vegas arabe s'étendant sans pudeur sur un front de mer de synthèse, une superproduction transgénique présentée avec effronterie comme un paradis, et qui n'est qu'un cauchemar blasphématoire où semble s'être inscrite dans le béton comme dans le bleu du ciel la maxime la plus veule des temps modernes: vivre sans temps morts, jouir sans entraves. Je dis blasphématoire parce que Charm-el-Cheikh se trouve à la pointe sud du Sinaï: et on croyait que le vrai Dieu allait laisser faire encore longtemps sans qu'à tout cet hyperréalisme criminel réponde un châtiment approprié? Les terroristes sont certes des criminels de la plus révoltante espèce, mais comment la civilisation qui s'accommode de cette horreur, et lui trouve des attraits, peut-elle oser les qualifier de "nihilistes"? (...)

Le clivage droite-gauche sert à maintenir l'illusion d'un monde et d'une réalité historiques encore décryptables et gouvernables dans les termes de jadis, donc à ne rien voir et ne rien savoir de ce qui se passe concrètement. C'est une diversion qui peut encore marcher un peu, et donner l'impression que tout continue, et que se poursuivent encore les jeux anciens de la dialectique et du hasard; mais elle n'est plus capable comme jadis de retailler le réel à sa guise. Celui-ci la fuit de toutes parts. Elle n'a plus la force de le contenir. 

Cette sorte de jurisprudence gauche-droite, chargée de fonctionner à vide et d'intervenir chaque fois qu'il le faut contre une nouvelle réalité absolument sans précédent, bloque l'accès à cette nouvelle réalité, elle-même largement irréelle, en alignant contre cette irréalité intégrale et mondiale ses armées de fantômes puant la naphtaline. Mais pour qui avance les yeux ouverts dans le nouveau monde, ce cadre idéologique n'a plus la moindre signification ni la moindre efficacité. (...)

Il est certain que jamais la servitude, voulue ou imposée, n'a été plus grande, et que nous n'avons encore rien vu en ce domaine. Ce qui ne signifie pas que je mythifie les individus des époques passées, ni que je m'en fais une idée abusivement flatteuse. Etant né dans un monde qui, pour n'être que celui de l'après-guerre, n'en paraît pas moins infiniment éloigné de celui où nous parlons aujourd'hui, ayant donc côtoyé des individus de l'ancienne espèce, je suis bien placé pour n'en avoir pas une opinion exagérément positive. Je me crois assez bien placé aussi pour mesurer les différences entre cette ancienne humanité et la nouvelle, dont la métamorphose ne fait que commencer. C'est cette métamorphose qui m'intéresse, et qui constitue l'un de mes sujets essentiels. Comment s'intéresser à autre chose? Cette métamorphose est si pleine de mystères. Elle relègue loin de nous les interrogations sur "l'homme éternel" qui remplissaient jusqu'à présent l'histoire de la littérature ou de la pensée en général. Qui est ce personnage nouveau, cet individu en cours de désindividuation accélérée, à la fois pornographique et anérotique, à la fois libertariste cynique et moraliste pleurnichard, désaffilié, désinhibé à mort, et qui semble si heureux de filer sur ses roulettes à travers une réalité que j'ai qualifiée un jour de "parc d'abstractions". (...)

Le nouveau vivant, c'est ce personnage mondial que j'ai appelé Homo festivus, qui semble avoir troqué la névrose dont son ancêtre était la proie contre une perversion qui gouverne tous ses actes. Dans l'état pervers, le conflit est externalisé, l'opportunisme balaie la morale, l'amalgame supplante les différences (de générations, de sexe, etc...), la filiation disparaît au profit d'un fantasme d'auto-engendrement perpétuel, et finalement une nouvelle temporalité circulaire, plus ou moins analogue à celle des civilisations primitives, recouvre le temps historique qui lui avait succédé. Voilà la situation. Elle est à faire dresser les cheveux sur la tête, à la manière des pires films d'épouvante; mais elle est au contraire chantée partout comme étant dans l'ordre normal du devenir humain. Et que cette horreur globale ne terrifie plus que quelques attardés révèle mieux que tout que nous sommes entourés de mutants. (...)

Philippe Muray, Exorcismes spirituels Tome 4, page 308 (janvier 2004)


mercredi 14 mai 2014

Obey





"La Jeune-Fille n’a pas le visage d’une morte, comme on pourrait se laisser aller à le croire à la lecture des journaux féminins d’avant-garde, mais de la mort elle-même."



"Car la Jeune-Fille est la présence vivante de tout ce qui humainement veut notre mort, elle n’est pas seulement le plus pur produit du Spectacle : elle est la preuve plastique de l’amour que nous lui vouons. Elle est ce par quoi nous poursuivons nous-mêmes notre propre perte."
Théorie de la jeune fille, page 110





dimanche 11 mai 2014

Reprendre une activité normale

"La seule question de vérité est au fond de savoir si l'humanité est vouée à contempler indéfiniment le reflet aliéné d'elle-même dans la machination du spectacle de la marchandise ou si elle saura un jour se mettre à l'écoute de l'expérience vivante de ce qui depuis toujours lui est destiné et dont elle s'est depuis la réussite civilisationnelle de la société de l'avoir, toujours dé-tournée, en l'occurrence l'authenticité cosmique de la communauté de l'être. Le devenir de l'histoire est la dialectique par laquelle l'être de l'homme devient ce qu'il est en retournant en son soi véridique, c'est-à-dire en son fond de réalité dorénavant émancipé de tout ce qui entrave l'expérience transcendantale de l'immanence cosmique de la communauté humaine."
Francis Cousin, l'être contre l'avoir, page 327



samedi 10 mai 2014

Elle souffre

"La Jeune-Fille est optimiste, ravie, positive, contente, enthousiaste, heureuse ; en d’autres termes, elle souffre."


jeudi 8 mai 2014

Proroger le désastre

"La Jeune-Fille a reçu pour mission de réenchanter un monde de la marchandise partout sinistré, de proroger le désastre dans la joie et l’insouciance."


vendredi 2 mai 2014

Know your ennemy

"Notre ennemi irréconciliable aujourd'hui, ce n'est pas le libéralisme ou l'ultra-libéralisme des autoroutes géantes du capitalisme privé, pas plus qu'hier c'était le bolchévisme ou l'ultra-bolchévisme des geôles concentrationnaires du capitalisme d'Etat. Par-delà les formes contradictoires, successives et complémentaires que peut prendre le cycle du bénéfice dans l'espace-temps du despotisme de la transaction, la seule anti-thèse historique à l'auto-émancipation humaine c'est bien l'organisation du marché du travail - quelle qu'elle soit - et telle qu'elle fait là travailler l'organisation du marché pour que chaque salarié continue indéfiniment de vendre sa vie réécrite en force de travail du trépas de sa présence au monde. 

Tous les projets de nouvelle croissance, de nouvelle économie, de nouvelle politique, et de nouvelle démocratie renvoient par-delà leurs rêves, leurs ambitions, leurs ignorances et leurs peurs, à cette vieille permanence irréaliste de l'idéologie du "moindre mal" qui en nous offrant de sur-vivre autrement dans le monde du travail du marché pour sur-vivre mieux dans le travail du marché du monde, nous condamne finalement à un voyage sans fin au bout de cette sinistre nuit où on ne trouve que l'exploitation et la domination." 
Francis Cousin, l'être contre l'avoir, page 270



jeudi 1 mai 2014

C'est le capitalisme qui est devenu une utopie

La fin du capitalisme, c'est la fin du travail salarié, la fin du marché du travail et de l'emploi. La mission historique du Capital est est que tous les esclaves salariés soient irréversiblement exclus du marché du travail; qu'ils soient privés de la possibilité de vendre leur travail; que leur travail devienne sans valeur en tant que ressource humaine. Le réel héritage historique que le Capitalisme lègue à l'esclave salarié, c'est son chômage définitif. Il est vrai que le Capitalisme a commencé par subjuguer entièrement le prolétaire, mais ce n'était qu'une étape préliminaire en vue de complètement le faire sortir de l'ère du travail salarié. 

Le communisme apparaît pour la première fois dans la réalité historique, en prenant la forme d'une très grande quantité de travailleurs qui ne peuvent plus, en aucune manière, ni sous aucune circonstance, vendre leur temps de travail. Cette grande quantité de travailleurs, qui se trouve d'ores et déjà repoussée hors de la société, doit en retour arracher à cette société les moyens de vivre. Ces gens n'ont aucunement à justifier leurs actions, leur volonté de vivre est une justification suffisante, ainsi que leur volonté d'imposer leurs conditions à l'ensemble de l'humanité. 
Traduit de The real movement