mercredi 30 avril 2014

Tiède et anodin

"Ce sont des faillites ambulantes travesties en passants, fardées à l'outrage de normalité, et même ici, affaissé de tout mon long sur cette bouche de chaleur putride, je n'ai pas échoué en regard de ce qu'ils ont atteint. (...) Ils parlent sans jamais rien dire, ils plaisantent ou racontent leurs petites vies, ne font que décalquer en mots leurs trames de vies néant. Ce sont des paraphrases incarnées, où que j'aille c'est la paraphrase à travers les corps mouvants qui a cours toute seule, en toute occurrence c'est la paraphrase seule qui s'écoute parler, s'enivrant en crâne clos des mêmes inepties chaque matin. Ce peut être le premier à parler ou le dernier, on a d'emblée la certitude qu'il paraphrase. Redite est synonyme de sa vie, il doit se répéter et paraphraser sous peine de se sentir en manque et s'il se tait c'est pire car on s'aperçoit qu'il est une paraphrase bipède. Sa présence seule est l'avorton d'une redite fétide. Tiède et anodin comme un étron, il se met dans tous ses états pour s'être entendu dire ce qu'il est. Et pour lui dire ce qu'il est, nul ne se dévoue hormis le Mehdi qui se colle à toutes les témérités; c'est leur vengeance que mes lèvres collées à la chaussée froide pour que je ne l'ouvre plus." 
Mehdi Belhaj Kacem, 1993


dimanche 27 avril 2014

La rage

"Vous avez eu une vie. Il y a eu des moments où vous aviez une vie. Certes, vous ne vous en souvenez plus très bien; mais des photographies l'attestent. Cela se passait probablement à l'époque de votre adolescence, ou un peu après. Comme votre appétit de vivre était grand alors! L'existence vous apparaissait riche de possibilités inédites. Vous pouviez devenir chanteur de variétés; partir au Venezuela."
Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte


jeudi 17 avril 2014

Ici et maintenant

"Dans les familles fêlées, un rejeton surgit qui se voue à la recherche de la vérité, et qui se perd en la cherchant."
Cioran, Ecartèlement

mardi 15 avril 2014

Maghrébins, ne partez pas tout de suite

"Les très vulgaires racistes réactionnaires du droitisme xénophobe ne sont que l'image inversée mais sur le même terrain aliénatoire de piteuse crucherie des très incultes metissolâtres progressistes du gauchardisme xénophile. Les premiers ne sont nullement dérangés par les puanteurs irrespirables des infections marchandes mais ils les voudraient simplement moins exotiques. Les seconds ne sont pas le moins du monde importunés par les infamies inqualifiables de la commercialisation de la vie mais ils les souhaiteraient davantage colorées
Bref, les aberrants et déplorables propagandistes de la gestion salariale de l'humanité captive, de l'extrême droite à l'extrême gauche du marché, forment une émouvante et navrante Sainte-Alliance de la misère monnayable qui cherche à faire oublier que l'immigration a dès le départ été un phénomène purement et essentiellement capitaliste, puisque nœud stratégique de la domination parfaitement réalisée de la loi de la valeur ayant tout à la fois disposé que l'homme doit être expulsé de l'histoire et que l'histoire doit sortir de l'homme. 
Ceux qui prétendent flétrir la société du profit en ovationnant l'immigration dont la classe ouvrière est la cible première ne sont que de faibles et désastreuses têtes déconfites. Ceux qui en écho auxiliaire affectent de réprouver l'immigration en ne disant mot sur la désolation mercantile éclatante expriment également la même affligeante confusion mentale de la fripouillerie épicière." 
Francis Cousin, l'être contre l'avoir, page 50






lundi 14 avril 2014

Humbles morceaux de denrée sexuelle

"Le spectacle marchand comme organisation sociale présente de la paralysie intéressée de l'émotion et de la sensation est la fausse conscience du temps toujours plus spatialement déployée pour la vente, l'achat, le rendement, le mensonge et l'amortissement. Pour amener les humains au statut déshumanisé de libres producteurs et consommateurs du temps-marchandise de leur sexualité assujettie, la condition préalable est l'expropriation violente de leurs souhaits de rêves amoureux par leur dépossession d'eux-mêmes et leur conversion en humbles morceaux de denrée sexuelle." 
Francis Cousin, l'être contre l'avoir, page 149


dimanche 13 avril 2014

Carnaval tous les jours

"La démocratie de la marchandise spectaculaire est un énorme carnaval parodique qui se confond avec la fin désormais manifeste de toute possibilité pour l'intelligence d'apparaître de manière perceptible dans aucun domaine qui se prétend compétent pour causer de sa spécialité. Le seul fait que le faux soit désormais reconnu pour le vrai sans aucune discussion lui a donné cette qualité magique tout à fait exceptionnelle de faire que le vrai a maintenant cessé d'exister pratiquement en tout lieu puisqu'il est de la sorte réduit à l'état d'une hypothèse indémontrable qui ne pourra par principe jamais être discutée."
Francis Cousin, l'être contre l'avoir, page 17



samedi 12 avril 2014

Idole

"Dans le monde de la marchandise autoritaire, les vivants reconnaissent dans leurs désirs aliénés une démonstration de puissance faite en eux par l’ennemi."

jeudi 10 avril 2014

Girls Generation

"Le spectacle du fétichisme de la marchandise fait le devenir du monde. L'existence humaine n'y est là qu'une longue errance angoissée sur le marché narcissique des rencontres factices. Partout règne la liberté despotique de l'argent et l'humain asservi par la dictature démocratique de l'avoir et du paraître, ne cesse de consommer sa propre soumission. Contre ce totalitarisme de la fausse conscience, il s'agit de tourner le dos à la mise en scène de la passivité moderne, pour retrouver les véritables chemins du sens critique et poser en pratique la question radicale de l'authenticité de l'être."
Francis Cousin, l'être contre l'avoir